RAPACES
Sur une balle de malheur qui dérive au fond de l'univers,
Une boule de douleur sévit au tréfonds des viscères
Des va-nues pieds asservis par l'épaisse laisse du labeur.
Bienvenue dans la survie au palais des Horreurs !
Chimérique Ulysse échoué en cette architecture sans issue
C'est le fric - en doutes-tu ? - qui structure les tissus
De l’Être inorganique ou social. Et pour qu'il s'amasse,
Sécrète l'insatiable trafic, l’État est son garde-chasse.
Cette édification tient sur l’anthropocène soubassement,
Celui de la déprédation qui mène au délabrement,
A l'extinction des éléments, de la nature entière.
L'accumulation tue l'environnement, le défigure en désert.
Insérée dans la machinerie, ces ressources premières
Dans d'infinies galeries s'intègrent à la matière humaine,
C'est l'étage de l'industrie, l'immense forge à valeur
Où l'ouvrage meurtrit l'esprit, le corps du travailleur.
Des fabriques de textiles hier à Manchester aux usines
Qui s'agglutinent vers la Rivière des Perles en Chine
Aujourd'hui, le maillage de l'exploitation frénétique
Accroit ses circuits, propage à foison la paye et la trique.
Cette logique de la valorisation marchande étire
Les limites de la prison entreprise pour engloutir
La production dans les champs, les mines, les services.
Les ramifications économiques lient l'élastique édifice.
Au summum de l'armature, dominent de grands vampires,
D'anonymes galures possédant passé, présent, avenir.
Leur talon de fer soumet le monde aux impératifs
Du pognon, qui rendent hémorragique le prolétaire Sisyphe.
Opprimée, la vie est réduite aux tâches inutiles.
Dans la précarité, l'ennui, elle se gâche, servile.
Au Palais des horreurs, tout s'efface pour le mercantile,
L'intérêt supérieur des liasses qui s’amassent, tranquille.
Cependant, un vrombissement sourd de partout s'entend
Constamment, qui va s'accroissant, menaçant d'effondrement
La charpente, les cloisons, du labyrinthe infernal.
Tout flanche sous les contradictions intrinsèques du capital !
Telle une métastase, la crise impose sa phase vandale
Elle fait table rase de ce qui stabilise le rapport social !
En trombe, la barbarie s'affaire, prolifère le réactionnaire.
Les monstres de la guerre, la misère, tuent de front, à revers !
Du Vietnam sous le Napalm à l'Amazonie en flammes,
Une même trame, le bourgeois à l'agonie sème le drame
Jusqu'aux synapses sous les crânes qui réclament l’infâme
Donnent la palme à Neymar tandis que les alarmes crament !
Sans répit, l'horreur se forme en représentation rentable,
Persistants, ses promoteurs confortent l'émotion cannibale.
Sans réplique, l'écran de la peur apporte les cadavres à table,
qui sustentent l'atterrant spectateur, ce porc épouvantable.
Au crible du profit sont passés les esclaves boulimiques,
Cibles des ravages chaotiques des produits numériques.
Excité sans cesse, testé, traqué sur son temps de repos,
c'est déshumanisé, en stress, détraqué qu'est le troupeau.
Pourtant la taupe nécessité dégage les voies de la liberté,
Entêté, l'ouvrier dépossédé voit sa rage l'emporter.
Sa seule priorité : l'action révolutionnaire dans l'unité.
Vaincre ou mourir par l'insurrection, la grève illimitée !
credits
from Dégâts Rap - Assaut Final,
released February 22, 2020
Rap: Rapaces-Etnas
Prod: Nestor
Enregistré et mixé par Nestor
Tout droit dans ta gueule - 2020
The Saul Williams catalog comes to Bandcamp, a mind-melting array of art-rock and experimental R&B that charts bold new paths. Bandcamp New & Notable Mar 22, 2024